[PC] Histoires de K-13 : partie 1Les sirènes hurlaient, et les officiers couraient dans tous les sens. L'ingénieur en chef aurait voulu que Nichols soit encore parmi eux – elle ne vivait que pour les moments de stress comme celui-là.
La blague qui circulait à l'époque était : « Nichols n'est heureuse que lorsque l'alerte est aussi rouge que son uniforme ». Mais elle était morte depuis longtemps, et c'est à lui que revenait la tâche d'être l'homme de toutes les situations. Il espérait seulement que cette fonction allait durer plus de quelques minutes.
« Évaluer, planifier, se lancer ! », telle était la formule consacrée de son instructeur Tellarite à l'académie, et il essayait d'en faire la sienne. L'évaluation de la situation était facile : il y avait un astéroïde de la taille d'une petite lune sillonnant l'espace, dont la course allait droit sur la station. Naturellement, il ne pouvait pas laisser faire cela, et c'est pourquoi il fallait planifier.
Le plan A était de remettre en ligne des propulseurs vieux de plusieurs siècles, et de les activer pour déplacer l'immense bâtiment de la trajectoire de l'astéroïde.
En temps normal, l'équipage aurait pointé ses armes en direction de l'astéroïde et tiré dessus jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un mauvais souvenir, mais la station était impuissante ; apparemment, une créature appelée Ferengi avait volé toutes les banques de phaseur et les torpilles à photon pendant qu'ils étaient encore en stase, il y a déjà bien longtemps.
Puisque le plan A semblait incertain, il restait toujours un plan B.
Et comme on dit familièrement, c'est là que ça clochait.
Le plan B impliquait la dernière navette encore en état de fonctionnement – l’Earhart.
Elle était remplie de Klingons et d'une collection d'objets rassemblés à la hâte, et ayant une fâcheuse tendance à exploser facilement.
Étant de fabrication klingonne, "les objets prompts à exploser" incluaient la navette elle-même. L'idée était que si les propulseurs ne remplissaient pas leur fonction, les Klingons pourraient appuyer sur un bouton pour rejoindre immédiatement le Sto-vo-kor – et par la même occasion dévier suffisamment l'astéroïde de sa trajectoire pour éviter tout contact avec la station.
Ils étaient là, dans cette immense bombe à retardement, à attendre de trouver l'honneur et la gloire au cas où le plan A serait un échec.
Ou du moins c'est ce qu'ils disaient.
Sheldon n'appréciait guère les Klingons.
Il avait perdu sa sœur au cours d'un affrontement contre eux en 2267, avant que les Organiens ne soient impliqués et mettent un terme à la guerre. Trois ans plus tard, une bande de Klingons avaient déclenché une bagarre sur K-13 et avaient terminé en cellule. Seulement trois jours après, la station se retrouvait expédiée à travers le temps et l'espace.
Au revoir le quadrant Bêta, l'année 2700... Bonjour le quadrant Alpha et les années 1570.
Il avait eu plusieurs altercations avec les Klingons par le passé... la dernière lui avait valu un nez cassé et un sermon du commandant de la station. S'il n'en tenait qu'à lui, il les aurait laissés croupir en prison. Et pourtant, ils étaient là, bien vivants, avec pour responsabilité de faire le nécessaire pour les sauver si les choses tournaient mal. « Ce n'est pas pour aujourd'hui », pensa Sheldon à haute voix. « Je ne vais pas compter sur des Klingons pour faire le sale travail, et encore moins sauver notre peau. »
C'est pourquoi il avait mis toute son équipe au travail sur le plan A, et plutôt deux fois qu'une. Il avait dit au commandant O’Ryan qu'il pouvait remettre les propulseurs de nouveau en ligne, mais même s'il réussissait, ils avaient à peine assez de carburant pour déporter la station de la route de l'astéroïde. Il n'y avait pas de place à l'erreur.
Sheldon jura dans sa barbe. Cela ne faisait même pas un jour qu'il était sorti de stase quand le commandant l'avait pris en aparté et promu au rang d'ingénieur en chef.
Ses nouvelles responsabilités impliquaient également de participer à des réunions avec les conseillers de Starfleet. Il avait beaucoup à apprendre – ils étaient désormais en 2410, et la Fédération, les Klingons et les Romuliens faisaient maintenant partie de l'Alliance galactique. Les prisonniers Klingons étaient libres, et travaillaient à présent sur la station aux côtés de leurs anciens geôliers.
Et pour rendre les choses encore plus difficiles, la station était en orbite autour d'une planète - Draconis III - dont une race extraterrestre appelée les Tzenkethis avait exploité toute forme de vie jusqu'à l'extinction.
Les ressources étaient donc très limitées.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que tout cela était dur à digérer.
« Chef, le propulseur numéro trois ne s'allume pas ! » Sheldon secoua la tête et reporta son attention sur la tâche en cours.
Reeve, l'une des membres de l'équipage, paniquait à nouveau, et elle avait tendance à devenir bruyante dans ces moments-là. Évaluer, planifier, se lancer. Tout en réfléchissant au problème, il appela Reeve et la fit quitter sa station.
« Avez-vous essayé de relier les couplages de puissance ? »
« Oui, Chef... L'ordinateur dit qu'ils sont dans le vert. »
« Avez-vous essayé d'éteindre le système, puis de le rallumer ? »
« Oui, Chef. J'ai aussi donné une tape sur le côté de la console et secoué les câbles, par mesure de sécurité. » Sheldon aurait juré qu'il pouvait entendre Reeve lever les yeux au ciel avant de décocher un sourire.
Au moins, cet ingénieur timide n'avait pas perdu son sens de l'humour après avoir été congelée pendant des siècles. Il regarda par-dessus sa console pour voir comment elle se débrouillait.
Elle semblait reprendre le dessus sur sa panique. Il vaut mieux la garder occupée, songea-t-il.
La peur est parfois contagieuse.
« D'accord. Les autres propulseurs fonctionnent-ils correctement au moins ? »
« Je crois. Nous n'avons pas procédé à un test complet pour économiser le carburant, mais les systèmes semblent opérationnels. » Elle fronça les sourcils tout en passant en revue la liste de contrôle. « Oui, à part le numéro trois, tout semble en ordre, Chef. »
Sheldon fit quelques calculs sur l'ordinateur de la station et sourit à la vue des résultats. « D'accord, je crois qu'on peut y arriver même avec un propulseur défaillant. Espérons seulement que les autres ne décident pas de nous lâcher – les Klingons n'attendent probablement qu'un moindre signe d'échec pour déclencher les explosifs. Je préfèrerais éviter ce genre de malentendu. »
« Bien, Chef.
Je me suis attaché à l’Earhart, après tout.
Ce serait dommage de laisser des Klingons le détruire. »
« Parfait.
Finissons-en – rendez-vous au réacteur et coordonnez le reste de l'équipe. Je ne veux pas d'autres surprises. J'ai une ou deux choses à terminer ici. »
***
D'accord, c'est le moment d'y aller. Sheldon appuya sur le bouton de l'intercom et entra une série de directives dans son ordinateur. C'est maintenant ou jamais.
« Sheldon au Commandant O'Ryan.
Nous sommes prêts à déplacer la station, Commandant. »
« Beau travail, Sheldon », répondit la voix confiante et rassurante du Commandant O'Ryan à travers le haut-parleur. « Allez-y. »
Tandis que Sheldon entrait les commandes de démarrage, le reste de l'équipe d'ingénierie croisa les doigts, en espérant que les propulseurs n'explosent pas ou ne brisent la station. La station commença à trembler et avancer lentement. L'ordinateur démarra un décompte de la distance de sécurité sur le haut-parleur. Mètre après mètre, la station avançait hors de danger. La voix de l'ordinateur annonçant « Hors de danger » fut couverte par les cris de joie de l'équipe.
Ils étaient saufs.
Sheldon ferma les yeux un instant pour mieux se rendre compte de l'exploit qu'ils avaient accompli avant de retourner à finir ses tâches. Il ignora Reeves qui courait à sa rencontre pour le féliciter, et porta son attention sur sa console et une série de commandes forcées.
« Nous avons réussi, Monsieur ! Nous... » Reeve pris un air perplexe tandis que Sheldon continuait à enter des commandes en silence. « Monsieur, pourquoi essayez-vous de prendre le contrôle du système de vol de l’Earhart à distance ?
Les Klingons sont à bord, et déjà en route vers la station ! »
« C'est notre chance, vous ne voyez pas ?
Et c'est probablement la dernière », Sheldon se tourna pour faire face à l'ingénieur junior en affichant un large sourire. « Je vais en finir avec... eux. Des Klingons alliés ? Laissez-moi rire ! » Ce sont des monstres et des tueurs - Ils l'ont toujours été et le resteront à jamais !
Nichols, Sheridan et T'Von seraient encore en vie si nous n'avions pas mis ces Klingons en stase avec nous !
Il... nous devons venger nos compatriotes ! »
Reeve serra les dents et fit un pas vers Sheldon. « Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, je vais devoir vous mettre aux arrêts si vous ne vous éloignez pas de cette station. À moins que vous ne vouliez vous retrouver avec le nez cassé une nouvelle fois, je vous suggère de bouger. » Le vieil officier sourit.
Elle avait gagné son uniforme rouge en passant par le département sécurité avant d'être transférée à l'ingénierie. En d'autres circonstances, il aurait été inquiet... Mais aujourd'hui était différent.
« Je crois que vous allez devoir essayer », dit-il. « Mais il est hors de question que vous m'arrêtiez avant que j'aie appuyé sur ce bouton et envoyé l’Earhart dans un allez simple pour l'au-delà.
Ne bougez pas et laissez-moi faire mon devoir. »
« Je ne vous laisserai pas faire », dit-elle en s'approchant davantage. « Starfleet n'assassine pas ses alliés... Monsieur. »
Reeve fit un signe de la tête à ses collègues ingénieurs ayant remarqué la situation et ils se joignirent à elle.
L'un d'entre eux tenait un phaseur de type 2 prêt à tirer. « C'est terminé. »
« Imbéciles ! » cria Sheldon de désespoir. « Les Klingons sont nos ennemis. » « Ils ne peuvent pas être nos alliés ! »
« Ils ne le seront jamais ! » dit-il en se jetant sur sa console.
« Tirez ! » dit Reeve en réponse.
La dernière chose que Sheldon entendit, fut le phaseur envoyant une décharge.
***
Le commandant O'Ryan se passa les mains dans ses cheveux roux clairsemés tandis qu'il regardait Sheldon sur un écran. L'ancien Ingénieur en chef frappait les murs de sa cellule en vociférant. « Ce sont nos ennemis, bande d'imbéciles », hurlait Sheldon à quiconque voulait l'écouter. « Pourquoi me punissez-vous ? »
Lâches !
J'avais le courage de faire ce que vous n'osiez pas ! Laissez-moi sortir, espèce de... »
O'Ryan coupa la transmission et se tourna vers les autres officiers présents dans la salle – le Lieutenant Reeve fraîchement promu et le Commandant Krom des Forces de Défense Klingonne. « Nous pensons qu'il souffre d'un forme de démence due à la stase », dit O'Ryan doucement. « Starfleet nous envoie quelqu'un par navette pour voir s'ils peuvent l'aider. »
Reeve hocha la tête tandis que le Klingon se frotta la barbe en affichant un sourire en coin.
« Un bel exemple de sournoiserie, Commandant – votre homme attendait de se venger de nous depuis longtemps »
Krom se tourna vers Reeve et sourit. « J'ai entendu dire que votre jeune lieutenant ici présent faisait partie des hommes suffisamment honorables pour faire ce qu'il fallait. »
« C'est exact », dit Reeve calmement. « Mais aussi pour sauver notre unique navette.
J'ai investi trop de travail dans cette boîte de conserve pour la laisser se faire détruire par quelqu'un. »
« Ha ! Bien dit, Lieutenant ! Qavan ! » dit Krom juste avant de se diriger vers la sortie de la salle de briefing.
Les officiers de Starfleet échangèrent un sourire tandis qu'il prenait congé.
« Je crois que vous avez impressionné les Klingons, Lieutenant », dit O'Ryan. « Ce qui n'est pas chose facile. »
« Eh bien, s'ils pouvaient programmer les réplicateurs pour qu'ils arrêtent de faire ce qu'ils appellent gagh, je serais moi aussi impressionnée, dit Reeve avec un sourire narquois. Cette chose sent affreusement mauvais... et elle gigote. »
« Vous avez d'autres chats à fouetter, Lieutenant », dit O'Ryan en souriant. « Vous êtes désormais l'ingénieur en chef. J'ai cru comprendre que l'un des propulseurs était en panne. J'aimerais que ce problème soit réglé dans les plus brefs délais, dans l'éventualité où un autre astéroïde déciderait de nous rendre visite. »
Reeve souriait de fierté. « Je m'en occupe sur le champ, Commandant. »
Ryon “Melange” Levitt
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