Récits de guerre #15Si vous trouvez cette lettre, nul besoin de la transmettre à qui que ce soit.
Je n'ai aucune famille encore en vie pour me pleurer. Mes amis se sont enfuis ou ont été tués. Même les gens que je croisais dans la rue ou que je voyais sur le marché sont morts.
Et bientôt, ça sera mon tour. Mais si vous trouvez cette lettre, souvenez-vous de nous. Souvenez-vous de moi.
C'était une planète agréable, autrefois. Elle n'avait pas les gratte-ciels d'Alpha Centauri, ni l'architecture ancienne de Bajor, mais les champs étaient verts et les forêts vastes et luxuriantes. Et nous vivions là, bien loin du tumulte des empires et de leurs armées. Nous naissions, nous fondions une famille, nous vieillissions, et nous mourions, tout cela dans la certitude que les guerres qui faisaient rage par-delà les étoiles ne pourraient jamais nous toucher.
Nos arrières-arrières-arrières-grand-parents venaient de la Terre, d'Alpha Centauri et de Nova Terra. Ils venaient de Vulcain, et Betazed, et même Bajor. Ils sont venus ici pour construire quelque chose à partir de rien, pour se salir les mains dans les champs, pour cultiver la terre et moudre le blé afin d'en faire de la farine. Nous cuisions le pain plutôt que de le répliquer, et nous parcourions les routes à pied plutôt que de téléporter nos atomes au-travers de l'espace et du temps.
Nous étions heureux. C'était suffisant.
Nous avons assisté à la guerre via notre réseau de communications. Nous avons vu les Iconiens, magnifiques et redoutables, détruisant tout sur leur passage d'un simple claquement de doigts. Des portails s'ouvrir en plein milieu des villes. La destruction et la mort se répandre. Nous avons rendu hommage aux disparus, et pleurés les mondes tombés entre leurs mains. Nous avons accueilli à bras ouverts les réfugiés des colonies ayant succombé à l'avancée des Hérauts.
Peut-être que c'est ce qui nous a perdu. Peut-être que c'est cela, entre tout, qui a mené les Hérauts jusqu'ici.
Nous ne le saurons jamais. Et au final, est-ce que cela a la moindre importance ? Ils sont ici. Ils ont brûlé nos maisons. Détruit nos récoltes. Et chaque jour, de plus en plus de gens... disparaissent.
Nous nous sommes rendus. Ça leur est égal. Nous les avons suppliés de nous épargner. Ils ne nous ont pas écoutés. Nous avons appelé à l'aide... mais lorsque l'aide arrivera, il sera déjà trop tard.
Si vous trouvez cette lettre, souvenez-vous de nous. Regardez au-delà des ruines dévastées de notre monde et sachez qu'autrefois, nous vivions ici.
Et nous étions heureux.
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Récits de guerre #15