[PC] Le récit d'un PremierKavat’kara fut sorti de sa méditation par des bruits de lutte – des coups de poings, des pieds qui trébuchent, des jurons et autres emplissaient le quartier pénitencier.
«
qablIj HI’ang ! Heghlu’meH QaQ jajvam! » Une voix féminine, guidée par la rage et la défiance, tellement prévisible chez les Klingons. Le son d'un coup de poing fort et rapide suivit sa bravade. Les gardes affirmaient ainsi leur dominance et leur autorité. Prévisible, également.
« Nuchpu’ ! Ha’Dibahpu’ ! »Le bruit sourd d'un corps s'effondrant au sol de sa cellule voisine, accompagné du ricanement grave des geôliers. Le sifflement du champ de force de la porte se mettant en marche. Le pas des bottes des gardiens quittant la zone.
« Ne touchez pas à cette porte, guerrière, dit-il à sa voisine, en prenant soin de lui parler dans sa langue. Voulez n'aimeriez pas ce qu'elle ferait à vos mains. »
« Vous parlez... bizarrement, répondit-elle légèrement amusée. Où avez-vous appris à parler le Klingon ? »
« Au quadrant Gamma. »
« Ah. Vous êtes un Jem’Hadar ? »
“Je suis le Premier Kavat’kara… et je suis mort. Je suis mort depuis de nombreuses années. »
« Hmph. Tous les ennemis que j'ai rencontrés étaient incapables de me parler après que je les ai tués, bien que je les suspecte de se plaindre de temps à autre au Gre’thor. »
« Et vous en avez tués beaucoup, guerrière ? »
« Plus que je n'ai de doigts et d'orteils, dit-elle d'un rire forcé. Et je m'appelle Grella, fille de Krelm. Si nous devons nous parler, je préfère que vous m'appeliez par mon nom. »
« Grella, dit Kavat’kara songeur. Le héros de
Dix jours aux portes de Kuvan’ba, si je me souviens bien. »
« Vous vous souvenez bien. Un Jem’Hadar qui connaît l'opéra klingon - vous êtes plein de surprises, on dirait ?
Pas assez pour me sortir de cet endroit, malheureusement. »
« Sur ce point, nous nous ressemblons. Je maudis le jour où ils m'ont attrapée et emmenée ici. Tout cela parce que je refuse de partager mon lit avec Torg... comme si la moindre femme voudrait de ce
taHqeq répugnant ! »
« Pour sûr. »
« Et comment avez-vous fini ici, exactement ? »
Kavat’kara ouvrit les yeux et se leva du tapis qui lui servait pour la méditation, tout en souriant.
À mon âge, je devrais sentir des douleurs et des courbatures... et pourtant j'ai la force d'un jeune homme. « C'est une longue histoire, et une histoire sans fin... mais je vais la partager avec vous si c'est ce que vous souhaitez. »
« Je vous écoute, répondit-elle. Cela m'aidera à passer le temps. »
« Très bien. Je suis venu dans ce quadrant la dernière année de la Guerre du Dominion, fier de défendre les Fondateurs. »
« Vraiment ? Je n'étais même pas
née à cette époque. Comment se fait-il que vous soyez encore vivant – les Jem’Hadar n'ont-ils pas une espérance de vie de vingt ans ?
« Les Jem’Hadar atteignent rarement cet âge en effet, mais pour des raisons autres que des causes naturelles, il rit tout seul à cette pensée. J'ai passé cet âge depuis longtemps. Je... il se peut que je sois le plus vieux Jem’Hadar de la galaxie. Quelle sensation étrange. »
« Un vieillard Jem’Hadar, dit Grella dubitative. « Et je suppose que vous allez me dire qu'il y a également un Ferengi honnête et une Orionne Chaste ici ? »
« Pas que je sache, mais tout est possible, si nous restons ici suffisamment longtemps. »
« Je suis surprise que vous soyez encore là. Ne vivez-vous pas pour servir vos Fondateurs... vos
dieux ? » dit Grella avec dédain.
« Plus maintenant », dit Kavat’kara. « Je ne sers ni les Fondateurs ni le Dominion désormais, rien que moi. »
« Est-ce
possible ? Je veux dire... n'est-ce pas dans vos gènes de servir ces changeants ? »
« C'est ce que l'on dit, et pourtant... je suis là, l'esprit libre, à défaut du corps. »
« Eh bien continuez de parler. J'aimerais entendre l'histoire du Jem’Hadar qui a défié ses dieux. »
Kavat’kara changea de position afin de pouvoir voir la cellule de Grella. À quelques mètres de là, elle l'observait avec insistance. Après un hochement de la tête courtois, il continua.
« Mon escadron a servi avec les honneurs durant la guerre, combattant principalement dans le quadrant Alpha. Nous avons affronté de nombreux ennemis de la Fédération, des klingons... et même quelques Romuliens. Leur origine nous importait peu. Il n'y avait que la guerre à nos yeux. Et seule la victoire comptait.
« C'est vrai : "la victoire est la vie". C'est un proverbe Jem’Hadar n'est-ce pas ? »
« Oui. Un dogme par lequel nous combattions, vivions et mourions. »
« Continuez. Vous nous combattiez, et inversement, et ensuite ? »
« La guerre, pour la plupart, s'est terminée. Les forces du Dominion se sont retirées, et sont retournées au quadrant Gamma. À l’exception de nous. »
« Vous vous êtes rebellés ? »
« Nous avons continué à appliquer nos ordres, par refus de l'armistice. Nous nous attaquions aux livraisons ennemies et aux lignes de ravitaillement. On nous avait dit que si l'armistice était rompue, le Dominion reviendrait et montrait une nouvelle offensive. »
« Les Fondateurs vous ont dit ça ? »
« Oui... et non. »
« Arrêtez de prendre des chemins détournés. Je trouve cela fatiguant. »
« Les ordres venaient de l'officier Vorta qui nous commandait, bien qu'elle le faisait au nom des Fondateurs. Nous l'avons crue au début... et puis, c'est elle qui contrôlait la Blanche. Nous lui avons donc obéi, bien que beaucoup d'entre nous se doutaient que ses motifs étaient différents de ceux des Fondateurs. »
« Intéressant. Vous avez donc continué à vous battre ? »
« Oui. Pendant dix-huit mois, d'abord dans le quadrant Alpha, puis dans le Bêta. Notre campagne s'est achevée dans l'espace klingon. Nous avons reçu de faux renseignements et sommes tombés dans un piège adroitement tendu. Le conflit fut... bref. »
« Et pourtant vous êtes là. Les Jem’Hadars n'ont-ils pas pour habitude de se battre jusqu'à la mort ? »
« C'est effectivement assez commun. Cependant, cette option ne s'est pas présentée à la majorité d'entre nous. Les Klingons que nous avons affronté ont fait autant de prisonniers que possible. »
« Et ensuite ? »
« Ils nous ont emmenés dans cet endroit afin de nous étudier et connaître nos forces et nos faiblesses. Cet endroit est plus qu'une prison. »
« C'est ce que j'ai entendu dire » dit Grella an crachant de dégoût. « Torg laisse ses scientifiques et ces polymorphes jouer à des jeux cruels. Il subira les pires supplices aux tréfonds de Gre’thor pour cela. »
« Pour sûr, dit Kavat’kara. Un par un, on nous a donné en pâture à ces scientifiques. Ils étaient particulièrement intéressés de voir comment nous allions réagir à l'absence de Ketracel blanche sous leur traitement. »
« Que voulez-vous dire ? »
« Ils appellent cela les "radiations métaphasiques". Elles possèdent des propriétés régénératives. C'est ce qui nous a permis de survivre pour des périodes prolongées sans Blanche. »
« Mais cette chose de vous rend-t-elle pas fous si venez à en manquer ? »
« En temps normal, si. Les Son'as ont un stock de Blanche. Ils l'ont obtenu durant la guerre du Dominion, et ils continuent d'en fabriquer encore aujourd'hui. »
Grella orna le sol de sa cellule d'un autre crachat. Son opinion sur les Son'as ne faisait aucun doute au Jem’Hadar à ses côtés.
« Cela dit, ils ne la distribuent que de façon sporadique. Entre cela et les radiations, je parviens tout juste à survivre. »
« Cela n'a pas l'air de vous enchanter. »
« La procédure rélève de la torture... parfois. Plusieurs d'entre nous ont succombé à la folie pendant qu'ils nous observaient, pour voir si les radiations pouvaient nous sevrer de la Blanche complètement. À ce jour, cela reste encore à établir. »
« C'est une façon indigne de mourir » répondit Grella. « Les guerriers, alliés ou ennemis, se doivent de mourir au combat. »
« Ce fut le cas pour certains. Quand ce qu'ils voulaient faire de nous fut évident, nous avons tenté de nous échapper. Même la Vorta prît les armes.
« Hein ? Une Vorta qui a des tripes ? »
« Oui. Elle s'est bien battue. Elle a eu de la chance ; elle a fait partie de ceux qui sont tombés au combat. Les autres ont été ramenés dans leurs cellules ou au laboratoire.
« Que s'est-il passé par la suite ? »
« Les scientifiques ont continué leur "travail de sevrage", comme ils l'appellent. Leur ouvrage a réclamé la vie de tous les Jem’Hadars qui restaient... sauf un. »
« Vous. »
« Oui. Je suis le seul de ma compagnie qui reste. Je suis à la fois un Premier... et le dernier. »
« Eh bien. S'il vous reste une once de volonté en vous le moment venu, battez-vous à mes côtés. Je n'ai aucune envie de rester moisir ici. Je suis une Klingonne ! Je ne tolérerai pas un tel déshonneur ! »
Kavat’kara sourit tristement et acquiesça en silence.
Quel est le proverbe klingon, déjà ? "C'est toujours le plus courageux qui meurt." Il espéra que, le moment venu, il ferait partie de ceux-là.
Paul Reed
Content Writer
Star Trek Online
Source :
[PC] Le récit d'un Premier