Répétition généraleEn se tenant devant le replimat de Deep Space 9, Nereda se plaignait de l'incroyable manque de confort des uniformes des Cardassiens de cette époque. Comparés au tissu polymorphique de son temps, ces épaulières et ce plastron la serraient horriblement. Bien entendu, les uniformes de cette époque étaient conçus pour qu'ils soient à la fois fonctionnels et intimidants, pas pour être confortables. D'ailleurs, les subordonnés qui se plaignaient étaient simplement mis sur le carreau. Après tout, si vous ne pouviez pas supporter un dérangement aussi anodin que cette armure, on ne pouvait pas vous faire confiance pour des problèmes plus importants.
Les épaulières irritaient particulièrement les arêtes écailleuses de part et d'autre de son cou. Elle essaya de ne plus y prêter attention un instant. Elle se dit que le commandant Drij, dans le replimat en dessous, avait le problème inverse : Les tenues Orion de cette époque étaient beaucoup plus dénudées. Finalement, Nereda concéda que leurs problèmes, bien que différents, étaient similaires. Au moins ils avaient le kanar local.
La voix douce de Drij la sortie de ses pensées. "Les yeux sur la cible", lui murmura Drij, via une oreillette dissimulée. Nereda se décala pour voir où Drij regardait et vérifia la voie vers l'ascenseur menant au rez-de-chaussée.
Drij se leva et se mit en marche en douceur pour intercepter l'intrus, qui selon toute vraisemblance, était un humain hésitant portant une veste colorée de style Ferengi et un chapeau sans forme. L'homme aux joues flasques marchait lentement, comme s'il ne savait pas vraiment où il allait. Nereda se dirigea vers l'ascenseur sans plus attendre.
Alors qu'elle mettait le pied dans l'ascenseur, elle vit que Drij était déjà au travail. Après avoir interpelé l'homme, elle venait d'entamer une conversation, qu'elle pouvait suivre par l'intermédiaire de l'oreillette.
"Excusez-moi, monsieur Borucki ? Barry Waddle m'a dit que je pourrais vous trouver ici", dit Drij sur un ton engageant.
Bien que Nereda soit toujours dans l'ascenseur et ne puisse voir sa réaction, elle l'entendit dire, "Hmm... oui ? Barry... Je ne l'ai pas vu depuis un moment. Je crois qu'il devait se rendre à Cardassia, en fait."
"Effectivement", dit Drij d'une voix apaisante. "Cependant, c'est avec
vous que je voulais discuter d'une petite chose."
L'ascenseur finit sa course et Nereda sortit brusquement. Elle murmura dans son implant transmetteur, "Messager en route."
Drij fit un pas de côté et prit le bras de Borucki nonchalamment, l'empêchant ainsi de voir arriver Nereda. Nereda arriva par derrière l'homme et dit sur un ton sévère : "M. Bork !"
L'homme sursauta, attrapa son chapeau de façon comique, et tenta de se tourner vers elle, mais Drij tenait son bras fermement. "
Borucki", dit-il, à la fois exaspéré et apeuré. "C'est Borucki."
"Je n'ai pas le temps de me préoccuper de votre nom humain", dit-t-elle sèchement. "Waddle, votre complice, a été intercepté sur Cardassia Prime, alors qu'il essayait de faire passer du minerai de basse qualité pour du trellium raffiné. Nous l'avons incarcéré, et il nous a donné votre nom comme faisant partie de la chaîne d'approvisionnement."
L'homme se dégagea de Drij et dit en bafouillant : "Je... je ne... Barry ? Je ne l'ai pas vu depuis des lustres !"
Nereda ne put contenir sa colère et grogna : "Nous avons un enregistrement d'une de vos rencontres qui date d'il y a moins d'un mois. Où est-ce que vous vous rendiez ? Si vous nous donnez les noms des membres du réseau, la justice cardassienne
pourrait oublier votre présence. Si vous partez immédiatement après."
Borucki répondit : "Je me rendais chez le tailleur ! Cette veste est
affreuse."
Nereda le poussa et Drij le tira pour le trainer à travers l'allée pendant que les passants s'écartaient de leur route. Elles le menèrent sans ménagement dans la boutique de Garak.
"Mesdemoiselles ! Monsieur ! En d'autres circonstances, je vous aurais demandé en quoi je pourrais vous être utile, mais il me suffit de regarder votre veste pour connaître la réponse", dit le tailleur d'une voix mielleuse en émergeant de nulle part. Il hésita une fraction de seconde, puis dit à Nereda : "Nous sommes-nous déjà rencontrés ?"
Nereda s'arrêta. Elle
avait eu un différend avec Garak par le passé, et c'était avant les événements de cette ligne temporelle ; mais en termes de temps subjectif, cela faisait des années pour lui. Elle décida de recentrer la conversation et se tourna pour lui faire face. "Restez en dehors de ça,
tailleur", dit-elle. "C'est une affaire légale, et vous ne voudriez pas être
mêlé à ça."
Garak cligna des yeux, puis dit : "J'imagine qu'avec ce genre d'arguments, je dois vous faire une remise spéciale. Laissez-moi vous montrer quelques pièces de choix de ma collection." Il tira nonchalamment un portant à vêtements qui vint masquer la vitrine de l'extérieur de façon opportune.
Borucki blêmit en réalisant qu'il était désormais piégé. Il regarda Drij et dit : "Euh, mademoiselle, vous connaissez Barry, n'est-ce pas ? Vous pouvez m'aider à arranger les choses, non ?"
Drij lui esquissa un sourire triste en mettant une main sur sa hanche et lui dit : "Eh bien, en fait je suis avec elle." Elle pointa en direction de Nereda, puis se pencha vers lui en murmurant : "Mais si vous lui dites ce qu'elle veut savoir, les choses pourraient s'arranger d'elles-mêmes."
Nereda constata que les pupilles et les narines de l'humain se dilataient légèrement à mesure que les phéromones de Drij prenaient effet sur lui. D'un air sûre d'elle, Nereda dit : " Dites-moi qui fournit Barry en trellium."
Borucki balbutia un instant, puis dit : "C'est un marchant Andorien du nom de Theless ; il opère près de la région de l'ancienne Étendue delphique. Mais je ne fais pas partie de la chaîne d'approvisionnement ! Je ne sais rien de ces affaires !" Borucki se tordait les doigts de façon pathétique, et lança un appel à Drij une nouvelle fois. "Vous avez l'air gentille, vous ne pouvez pas m'aider ?"
Drij tapota la poitrine de Boruki et dit : "Vous venez de le faire, monsieur Borucki. Nous ne faisons que suivre là où nous mène la piste."
Nereda grogna : "Interdiction de quitter la station tant que l'existence de Theless n'a pas été confirmée. Vous resterez ici au moins pour les prochaines quarante-huit heures.
Et ne me forcez pas à vous courir après."
Garak, légèrement amusé par la scène, se mordit les lèvres et se retourna en prétendant épousseter des peluches sur le portant.
Borucki hocha la tête et dit : "Merci ! Merci ! Vous ne courrez pas ! Euh, je veux dire... je ne partirai pas !". Il affichait un sourire forcé en se dégageant de Drij et Nereda pour rejoindre la promenade.
"Eh bien, dit Garak, bonne chance pour la suite de votre chasse à l'homme. Si vous avez besoin de retouches sur votre uniforme, repassez me voir."
Nereda s'arrêta, puis décida de ne pas tenter le diable. Grâce à sa mémoire de Cardassien, il se rappelait sûrement d'elle. Il valait mieux ne pas altérer cette ligne temporelle davantage. Elle prit un air hautain et l'ignora ostensiblement alors qu'elle sortait du magasin à grands pas. Drij la suivit, et le duo entra rapidement dans un ascenseur. Drij activa son transpondeur et elles disparurent toutes les deux de cette ligne temporelle.
Dans la salle des opérations de New Khitomer, Drij affichait un sourire satisfait tandis que Nereda énonçait les résultats de leur intrusion. "Altération mineure", dit-elle. "Cette fois-ci, Borucki survit, et ne réalise même pas qu'Arne Darvin lui faisait porter une autre bombe."
Drij dit : "J'aurai préféré qu'on l'entraîne ailleurs que chez Garak. Tu sais que c'est risqué d'entrer en contact avec lui."
Nereda, roula des yeux et dit " Il est comme ça avec
tout le monde, Drij. Et même s'il ne sait pas qui nous sommes et ce que nous faisons, il est suffisamment malin pour reconnaître une opération sous couverture quand il en voit une. Nous pouvions compter sur lui pour nous protéger des regards indiscrets et... Tu sais pourquoi j'ai agi de la sorte et tu me fais marcher, n'est-ce pas ?"
"Plus ou moins", dit Drij en haussant les épaules.
L'uniforme Klingon qu'elle revêtait désormais eut un léger grincement propre au cuir neuf. "Je dois admettre que c'était une solution beaucoup moins pénible que d'essayer de séduire Borucki."
"Ça dépend", dit Nereda. "Le laisser mourir dans l'explosion de la navette aurait été une meilleure façon de garder la ligne temporelle intacte."
Drij dit : "Je ne critique pas la moralité de l'acte. Nous savons toutes les deux que les incursions temporelles doivent prendre en compte la minimisation des risques plutôt que de considérer les choix moraux. S'il meurt, mais que cela empêche la ligne temporelle de se défaire, c'est le prix à payer. Et c'est valable pour nous. Nous devons faire tout notre possible, tout en évitant les modifications majeures qui pourraient échauffer cette guerre froide temporelle."
Nereda dit, avec un soupçon de reproche : "Ce n'est pas comme si on avait un appareil Genesis dans notre poche. Une simple bombe triolique à haute compression aurait détruit les Orbes ainsi qu'une bonne partie de la promenade. Nous aurions certainement pu maîtriser une telle déflagration, commandant."
Le ton de Nereda fit rire Drij et elle lui répondit : "Oh, Garak a eu une mauvaise influence sur toi. Voilà que tu es flagorneuse avec
tout le monde, maintenant. Bien sûr, c'est une bonne chose que nous ayons pu empêcher la perte d'une vie, mais nous avons eu de la chance. Toutes les situations dans lesquelles nous nous retrouverons ne permettront pas ce genre d'entorses. Cette mission était plutôt facile, pour une mission sous couverture. Récupérer la bombe, s'assurer de l'intégrité du temps, arrêter les Prophètes avant qu'ils n'influencent Deep Space Nine et laisser le seul Orbe en état de fonctionnement à Arne Darvin."
Nereda lança un regard à Drij et dit : "Au fait, qu'as-tu fait de la bombe après la lui avoir dérobée ? Tu n'avais pas beaucoup d'endroits ou la cacher sur toi."
Drij se redressa, sourit, et dit : "C'est mon secret ; l'apanage des Orions." Son sourire prit un air narquois tandis qu'elle se dirigeait vers la porte, laissant échapper un : "À demain pour le raktajino !"
Nereda grommela : "Maintenant je sais ce que Ben ressent quand
je le provoque." Elle regarda à nouveau la console de son ordinateur et se dit à elle-même : "Où ai-je encore fourré mon enregistreur de mission ?"
Au 24ème siècle, sur Deep Space Nine, Garak faisait tourner un petit cylindre métallique entre ses doigts. Il sortit un câble entortillé couvert de tous petits circuits et l'enroula autour du cylindre, qui émit une légère sonnerie.
"Voyons voir ce que tu as à me dire, très cher", dit-il avec désinvolture alors qu'il commençait à télécharger le contenu de l'enregistreur de mission dont il avait délesté Nereda lors de leur altercation.
Jesse Heinig
Game Designer
Star Trek Online
Source :
Répétition générale