Recherche et destruction

Recherche et destruction





Tarnh jura lorsque les lumières intérieures s'éteignirent soudainement et que la porte en face de lui refusa de s'ouvrir, l'envoyant s'écraser contre elle dans le noir. "Toujours pareil," pensa-t-il avec amertume en attendant que les lumières reviennent. "C'est toujours la même chose. Les ingénieurs Na'kuhls peuvent construire un réacteur temporel si performant qu'il est absolument indétectable. Pourquoi ne sont-ils pas capables de l'empêcher de drainer toute l'énergie des lumières, portes, toilettes, et autres "systèmes non-critiques" dès que le vaisseau effectue un transfert ?"

Alors que le vaisseau entrait dans un vortex temporel et commençait son voyage au travers du temps, les lumières se rallumèrent en clignotant et les capteurs de la porte se remirent en étant de marche. Consciencieusement, la porte s'ouvrit rapidement devant lui. Tarnh pénétra dans le turbolift et marmonna "Passerelle tactique" tout en adressant des imprécations muettes à l'équipe d'ingénieurs du vaisseau.

La porte s'effaça à nouveau devant lui, et Tarnh pris la direction de la salle de meeting où il était attendu, tout en rendant les saluts des officiers junior qu'il croisait sur son chemin. Il entra dans la chambre et y trouva l'Agent Krog, debout devant l'unique hublot de la pièce, les bras croisés dans le dos, contemplant silencieusement le vortex qui entraînait le destroyer de classe Daemosh dans lequel ils se trouvaient.

"Agent de terrain Tarnh au rapport, comme vous l'avez demandé."

"Repos, Tarnh," dit Krog en lui jetant un regard par-dessus son épaule "Asseyez-vous, nous avons beaucoup à discuter."

Tarnh acquiesça, et pressa un bouton de sa combinaison reliée à l'ordinateur du vaisseau. Une chaise se répliqua immédiatement face à la station de travail de Krog ; peu de temps après, une autre se matérialisa de l'autre côté du bureau pour sa propre utilisation. Tarnh s'assit en premier, comme son rang le lui dictait, et attendit en silence que Krog prenne la parole.

"Votre mission aura lieu au début du 25ème siècle, Tarnh. J'imagine que cela ne vous pose pas de problèmes ?"

"Non, madame," répondit-il calmement. "Bien qu'il s'agissent d'une période particulièrement troublée pour notre peuple, cela ne m'empêchera pas d'accomplir mon devoir."

Kroh lui accorda une ébauche de sourire en réponse. "Bien", dit-elle. "Car si vous sortez victorieux de votre mission, vous pourriez bien libérer les Na'kuhls de la terreur du Tox Uthat... pour toujours."

Incapable de camoufler l'éclair de surprise qui le traversa, Tarnh se redressa vivement dans sa chaise aux mots de son supérieur. "Vous semblez m'offrir une opportunité unique, Agent," répondit-il avec avidité. "Dites-m’en plus."

Les doigts de Krog se promenèrent avec agilité le long de la console de sa station de travail, invoquant des images holographiques dans l'espace qui les séparait. Les cartes des secteurs des quadrants Alpha et Bêta, des routes marchandes, des schémas des vaisseaux de l'Alliance... et le visage tant haï d'un certain Kal Dano. Tarnh sentit ses lèvres se retrousser en une grimace menaçante à la vue de l'inventeur, l'homme à l'origine de l'arme qui avait détruit l'étoile des Na'kuhls.

"Vous prendrez le commandement du groupe de frégates Ka’vassi et commencerez un balayage tactique le long de ces routes de navigation," énonça Krog avec professionnalisme. "À cette époque, elles sont principalement utilisées par des vaisseaux marchands. La présence militaire est pour ainsi dire inexistante."

Tarnh étudia les cartes célestes pendant un moment, prenant mentalement des notes au sujet des vaisseaux et des temps de voyage mentionnés.

"Est-ce une opération de pillage de ressources, Agent ?" demanda-t-il, légèrement décontenancé. "Pourquoi vous souciez-vous de quelques croiseurs de transport opérant aux alentours de Ferenginar ?"

"Les vaisseaux eux-mêmes n'ont aucune importance," répondit Krog. "Ce ne sont que des tas de ferraille sans intérêt. Ce qui nous intéresse, c'est la personnage qui voyage à bord de l'un d'entre eux."

"Et cette personne est ?"

"L'illustre ancêtre d'un certain Kal Dano."

"Qui est cette vermine," grogna Tarnh, "et comment puis-je mettre fin à ses jours ?"

"Patience", sourit Krog. "Cela ne sera pas si simple. D'une part, nous ne savons même pas si l’individu que nous recherchons est un homme ou une femme. Nous ne savons pas non plus sur laquelle de ces épaves il ou elle se trouve."

"Je vois", dit Tarnh en essayant de se reprendre. "Alors, que savons-nous au sujet de cette cible ?"

Krog fit apparaître quelques nouvelles images ; la planète Lukari, quelques visages souriants à la peau rose, des données médicales, un vaisseau marchand ferengi. "Nous savons que la cible est de race Lukari, un expatrié qui a fui sa planète reculée en compagnie d'un groupe de... marchands ferengis."

"Des pirates," gronda Tarnh. "Cette vermine..."

"Oui," répondit Krog. "À cette époque, la cible a cessé ses opérations avec les Ferengis et a poursuivi son chemin de son côté. Nos rapports sont incomplets - nous savons qu'il s'agit d'un marchand en service dans la zone, mais c'est tout. C'est à vous qu'il revient de trouver la cible et de mettre un terme à sa misérable existence."

"Je présume que nous allons effectuer des scans génétiques," dit Tarnh en étudiant les rapports médicaux. "Chercher des signes de vie correspondant à la lignée de Dano."

"En effet. Nous soutiendrons votre opération au plus fort de nos moyens, évidemment," glissa Krog. "Nos agents sont déjà en train de chercher plus d'informations sur la cible. Toutes les données pertinentes vous seront transmises directement sur le terrain."

"Combien de temps avons-nous ?"

"Pas autant que nous le voudrions. L'autre côté est toujours aux aguets. Une fois qu'ils commenceront à remarquer des disparités temporelles, ils enverront leurs laquais pour disperser nos opérations. Heureusement," dit Krog en dévoilant ses dents semblables à des aiguilles, "ils ne considèrent pas les routes marchandes comme l’une de leurs priorités lorsqu'il s'agit de surveiller la ligne temporelle."

"Ce qui veut dire ?"

"Ce qui veut dire, que vous pourriez en nettoyer quelques-uns sur le chemin avant qu'ils ne s'en rendent compte. Je préfèrerai garder toute altercation brève ; nous avons une grande zone à couvrir, et de nombreux vaisseaux à scanner. Mais cela ne ferait pas de mal d'entraver leurs voies d'approvisionnement... et de semer la peur dans leurs cœurs."

Tarnh fronça les sourcils, et pris un moment pour composer sa réponse. La simple pensée d'avoir à tuer des marchands désarmés pour des raisons triviales ne lui plaisait guère, mais lui laisser savoir ce genre de choses pouvait s'avérer dangereux.

"Avec tout mon respect," dit-il lentement. "que ferons-nous si l'on nous identifie ? Notre peuple était déjà considéré comme des criminels et des terroristes par beaucoup de gens durant cette période... est-ce que cette activité ne risquerait pas de leur rendre... de nous rendre... la vie encore plus difficile ?"

"Oh, voyons, Tarnh," ricana Krog. "Bien peu de gens savent à quoi ressemblent nos vaisseaux à cette époque. Nous possédons une technologie d'occultation grandement supérieure. Si jamais quiconque parvenait à vous voir, on penserait probablement qu'il s'agit d'un Klingon, ou d'un Romulien..."

"Ou d'un Rémien," marmonna Tarng. "Je n'ai personnellement jamais réussi à faire la différence mais..."

"Tarnh", l'interrompit-elle en perdant patience. "Là où je veux en venir, c'est qu'il y a très peu de chances qu'on vous reconnaisse en tant que Na'kuhl. Faites votre travail, et cette discussion entière deviendra obsolète. Dano ne sera jamais né, et notre peuple n'aura jamais à faire face à la dévastation qu'il a engendrée. Me suis-je bien faite comprendre ?"

"Affirmatif, Agent," répondit Tarnh. "Cela sera fait."

"Alors je vous souhaite bonne chance," dit Krog avec calme. "Cette réunion est terminée."

"Gloire aux Na'kuhls !" s'exclama Tarnh en se levant et saluant son supérieur.

"Gloire éternelle", répondit-elle d'un air dédaigneux, en reportant son attention sur les images face à elle.

Lorsque Tarnh quitta la salle de réunion, un froncement de sourcils assombrissait son visage.

"Gloire," pensa-t-il avec lassitude. "Il y a bien peu de gloire à tirer du massacre d'innocents, même si c'est pour en sauver des millions d'autres."

Les lumières s'éteignirent à nouveau.

Tarnh se tint debout dans l'obscurité à attendre qu'un voyage fatidique s'achève, et qu'un autre commence.


Source : Recherche et destruction