[PC] qa'wI' 'oy'Hey« MARTOK ! »
L'appel retentit à travers le grand hall, mettant un terme à toutes les conversations. Les membres du Haut Conseil, se dispersant vers leurs propres factions, interrompirent leurs diverses conversations et se tournèrent pour examiner la source de cette exclamation soudaine et perçante. Le chancelier Martok se tourna également, là où il avait stoppé l'ascension du dais pour atteindre son siège.
La source du cri était un jeune et fort guerrier. Il se tenait dans l'entrée de la Salle du Conseil, la main sur son
mek'leth, bouillant de rage. À l'instant où ce guerrier avait atteint une position de pouvoir, Martok avait su qu'un jour il poserait des... problèmes. Et il semblait que, ce jour était arrivé. Le guerrier connu en tant que J'mpok s'avança vers le dais, une lueur meurtrière dans les yeux.
Comme avec tous les défis précédents, le chancelier Martok se leva pour aller à sa rencontre.
***
Le général Martok se tenait dans une salle du conseil vide, se souvenant de la surprise et de la douleur quand le
mek'leth de J'mpok avait glissé sur sa peau bien des années auparavant. La coupe avait été nette et propre. Une bonne mort. Honorable. Des décennies plus tard, la douleur dans son flanc n'était jamais vraiment partie.
Ces
toDSaH de Son'as l'avaient privé de sa mort. Ils avaient soigné toutes ses blessures, à part son œil. Leurs radiations l'avaient rendu meilleur qu'avant. Elles avaient également relâché l'emprise du temps de bien des façons, lui rendant la force et la vitesse de sa jeunesse. Le temps est un allié précieux pour un guerrier et il ne peut le gâcher, alors il avait passé ses jours en prison à exercer le moindre muscle et à affûter ses réflexes. Et pourtant. Sa blessure, depuis longtemps disparue, le faisait toujours souffrir. Mourir ne devrait pas être une chose dont un guerrier devrait se souvenir.
Il savait que les membres du conseil trouveraient étrange de se tenir seul au milieu de cette pièce longtemps après la fin de la réunion. Qu'ils le prennent pour un vieux fou chancelant ; ceux l'ayant sous-estimé avaient toujours payé le prix fort. Les plus perspicaces parmi eux pourraient penser qu'il préparait soigneusement sa stratégie. Après tout, n'était-il pas connu pour être l'un des plus grands tacticiens de sa génération ?
Tant qu'aucun d'entre eux ne savait combien de temps il lui fallait à chaque fois, pour se préparer à parler avec le guerrier qui l'avait tué.
Il inspira en serrant les dents, maudissant sa propre stupidité. Il quitta la salle du conseil en direction du grand hall, et plaça ses mains sur le
mek'leth, celui qu'il avait porté au combat depuis sa jeunesse, l'arme pour laquelle les Tzenkethis l'appelaient le Boucher.
« J'MPOK ! »
De la plus haute place du dais, J'mpok se tourna, et plissa les paupières.
« Général Martok, répondit-il, notre estimé
invité de ce conseil. Peut-être devrions-nous parler en privé. »
***
Aucun des deux guerriers ne parla tandis qu'ils descendaient dans les profondeurs de Qo'noS'. Torches à la main, ils descendirent des escaliers sinueux, bien en dessous de la structure habitable de la planète des Klingons. Après des kilomètres de tours et de détours, la voie s'ouvrit dans un hall ancien et poussiéreux. C'était un endroit sacré, où seuls les plus grands chantres des traditions et le chancelier lui-même étaient rarement autorisés. Les murs alternaient entre des piles de parchemins anciens, remplis de la sagesse de guerriers morts depuis longtemps, et des pierres gravées dépeignant les grandes légendes du passé klingon, tout droit depuis Kahless.
Un Martok plus jeune aurait considéré cet endroit comme un tas de poussière. Quand il était chancelier, il vénérait l'histoire de l'Empire klingon, mais il restait toujours tourné vers le présent, vers les problèmes auxquels ils faisaient face
maintenant. Il pensait pouvoir trouver les solutions à ces problèmes dans ses années de guerre, en tant que guerrier né combattant honorablement. Il avait bien appris
ces leçons-là ; suffisamment pour ne plus jamais avoir besoin d'un rappel.
Faisant désormais face au présent, il aurait souhaité disposer de plus de temps dans ces halls antiques quand ils lui étaient ouverts. Durant son temps dans le Briar Patch, il s'était profondément immergé dans les histoires du passé de son peuple. Il y avait des légendes et des contes qui lui faisaient redresser l'échine quand il semblait que tout espoir était perdu. Depuis combien de temps avait-il eu accès aux versions originales de ces histoires en tant que chancelier, et combien de fois avait-il rejeté la chance d'étudier leur sagesse ? Tant de stupidité faisait honte à Martok.
Ils étaient au bout du hall désormais, et J'mpok s’arrêta en face d'une des gravures les plus grandes et les plus anciennes. À sa surface, un fier guerrier tenait sa position, entouré d'innombrables cadavres de guerriers klingons. Il tenait bien haut l'Épée de Kahless, le dernier guerrier debout faisant face à un ennemi implacable. De monstrueux guerriers insectoïdes se dressaient de tous côtés, en rangs si serrés qu'ils masquaient le soleil. Juste en face de ce guerrier légendaire (Martok aurait dû se souvenir de son nom, mais il lui échappait), une bête gigantesque se dressait, transperçant le torse du guerrier de sa longue griffe.
Le flanc de Martok le lança.
« Connaissez-vous cette pièce ? » demanda J'mpok.
«
La chute de Qo’noS', répondit Martok. Une des seules représentations d'une invasion Hur'q dont nous possédons une archive ».
« La finesse des détails est impressionnante, n'est-ce pas ? La technique des anciens graveurs, pour capturer aussi distinctement des créatures si étranges, avec les outils à leur disposition. Cela relève du travail d'un maître ». J'mpok passa tendrement un doigt sur le guerrier gravé, caressant presque son visage.
Martok bouillonnait. C'était là la raison pour laquelle J'mpok avait insisté pour avoir cette discussion dans les tunnels. Leur dispute de ce matin avait été à propos de la menace Hur'q
actuelle. De plus, emmener Martok dans un endroit sacré, un endroit auquel seul J'mpok pouvait lui donner accès, était une démonstration de pouvoir plus puissante que son épée.
« Voici donc de quoi il s'agit, Chancelier ? Martok cracha presque le titre. Nous avons été vaincus par le passé, ainsi, nous n'affronterons pas de nouveau les Hur'qs ? C'est de la lâcheté et vous le savez ! »
Tout semblant de calme avait quitté le visage de J'mpok, et il fit face à Martok. « Vous m'avez accusé de lâcheté dans les chambres au-dessus de nous, Martok ! Ne recommencez pas, ou vous en subirez les conséquences ! »
Tous les instincts klingons au plus profond de Martok lui hurlèrent de sortir son
Mek'leth et de risquer les conséquences du
Hu'tegh. Il n'était plus l'homme qui était mort sous la lame de J'mpok la dernière fois qu'ils s'étaient affrontés. Il était plus fort. Plus rapide. Le temps avait exercé son ouvrage sur J'mpok, mais le destin réservait d'autres plans pour Martok. Il pourrait envoyer J'mpok au Gre'thor où était sa place. Il pourrait reprendre sa place à la tête de l'Empire klingon à nouveau !
La blessure fantôme sur son flanc pulsait d'une sourde et vive agonie. Il ne fit rien.
Le feu de J'mpok s'atténua, lentement. Il serra les dents, et parla à Martok comme à un enfant. « Comme je l'ai expliqué auparavant, général, et comme vous le savez, l'Empire klingon récupère toujours de nos pertes subies durant la Guerre iconienne. Nous n'avons tout simplement pas les ressources de la Fédération à jeter en pâture aux Hur'qs. »
« Et donc, nous allons nous cacher derrière la Fédération et attendre ? Vous avez signé le traité qui a créé cette Alliance, et vous souhaitez l'abandonner ? Vous vous tenez dans les mêmes halls que Kahless, marchant dans les traces de guerriers tels que T'Kuvma, et vous souhaitez tourner le dos à la bataille ? »
« Je souhaite préserver l'Empire klingon ! rugit J'mpok. Je réalise que vous avez trouvé la foi en prison, Martok, mais je dois penser au côté pratique de notre situation. Chaque fois que nous nous sommes alliés avec la Fédération, avec les Romuliens, l'Empire en est sorti affaibli. Nous avons perdu notre Empereur, et failli perdre Qo'noS ! Nous avons combattu pour détruire les Tzenkethis, et avons finalement relâché notre plus vieil ennemi ! Et maintenant ils souhaitent que nous combattions côte à côte avec ces
baQa' de Jem'Hadars ! Pour l'instant, nous ne sommes pas dans le collimateur des Hur'qs. Au-delà de vos paroles de gloires anciennes, qu'avons-nous à gagner en rejoignant ce conflit ? »
Le silence dans la pièce lui rappela un souvenir. J'mpok avait fait une tirade semblable il y avait des décennies de cela. Elle avait mené à des armes dégainées, à une bataille pour le contrôle de l'Empire klingon. La douleur au flanc de Martok était une flamme plus vive que celles aux tréfonds du Gre'thor. Deux voies s'offraient à lui. Il pourrait affronter à nouveau ce guerrier, et risquer sa vie, en accomplissant peut-être rien. Ou il pourrait choisir la voie de son fils adoptif, Worf, et essayer de
parler. Il grimaça.
« Laissez-moi assembler une force. Mener nos guerriers à la guerre, pour faire face à cette menace dans une bataille honorable, combattre et, si nécessaire, mourir comme des guerriers. » Martok savait qu'il l’implorait à présent. Il s'en moquait.
J'mpok revint à la gravure. Il parla doucement, avec une réserve que Martok ne lui avait jamais vu. « Vous souhaitez faire face à cela, Martok ? Seul ? »
« Je le dois », répondit Martok.
Les deux guerriers, les deux chanceliers, se firent face dans la lumière vacillante des torches.
« Alors, allez-y », dit J'mpok. Nous ne stopperons aucun guerrier valide de l'Empire klingon qui souhaiterait rejoindre nos alliés dans ce combat. Mais nous n'engagerons pas toute la puissance de la flotte klingonne. »
« Faites ce que vous devez, répondit amèrement Martok. Et ne désespérez pas quand vous entendrez les chants d'honneur, de glorieuse bataille, de fils et filles klingons honorant leurs ancêtres ! Nous partons faire ce que nul ne peut accomplir en restant en retrait, ici dans ces halls. »
« De nombreux combats attendent l'Empire, répondit J'mpok d'un air sombre. Vous avez le vôtre, j'ai le mien. Sachez-le : nous partons
tous les deux au combat. Penser le contraire est aussi stupide que de défier le vent. Partez, et soyez reconnaissant d'avoir un Empire vers lequel retourner avec vos chants de gloire. »
Les deux hommes hochèrent la tête avant de sortir du hall en silence. Nul besoin d'en dire plus. Pour l'instant. Tous deux avaient entendu un appel aux armes, et tous deux avaient répondu, comme des Klingons.
Martok prit congé, et commença la lente ascension vers la lumière. Il avait des guerriers à rassembler.
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