Army of Me"Monsieur, nous entrons dans le système Stameris. Le sillage temporel semble mener droit vers la troisième planète," le pilote Lukari se tourna vers son capitaine et continua : "L'occultation temporelle est active et stable. Bienvenue dans le 22ème siècle, capitaine."
Le capitaine Istra s'assit avec fierté sur son siège. Même de nos jours, il était rare qu'une Ferengi s'élève au rang d'agent temporel, sans même parler de devenir capitaine d'un vaisseau de classe
Wells. "Merci, Dareun. Orbite standard, s'il vous plait." puis elle ajouta "Cela doit être Archer. C'est toujours Archer."
Dareun se retourna pour faire face à son capitaine "À moins que ce ne soit Kirk ou Janeway."
Avec un gloussement, Istra se dirigea vers la station scientifique.
Elle avait du pain sur la planche.
"Initialisez un balayage passif de la surface," dit-elle au commandant Mosaa, son officier scientifique lethean.
"Scan en cours, répondit Mosaa ; quelques stations, de nombreuses signatures vitales différentes... mais principalement ferengi."
"Recherchez des traces de vie Na'kuhl," dit Istra, "réception maximum, pour pénétrer les éventuels effets de distorsion."
"Capitaine, puis-je vous rappeler qu'un scan à réception maximum pourrait être détecté par les habitants."
Istra réfléchit une seconde. Si leur signal était détecté, cela génèrerait de nombreuses questions auxquelles elle n'était pas prête à répondre.
"Très bien. Demandez à l'ingénierie de préparer une navette pour une infiltration du 22ème siècle. Je serai à l'infirmerie."
"Est-ce que tout va bien, capitaine ?"
"Je vais bien. J'ai juste besoin d'une petite opération."
"Opération, capitaine ? Mais... vous êtes Ferengi."
Istra sourit à son pilote, "Oui, mais il se trouve que je suis
également une femme. Et à cette époque de l'histoire, les droits des femelles ferengis étaient sévèrement restreints. Je n'aurais même pas le droit de porter des vêtements, voire même de parler à un mâle en dehors des membres de ma famille."
Elle prit un malin plaisir à voir les émotions défiler sur le visage de Dareun en passant du choc à l'inconfort, et de l'inconfort au dégoût. Pour un Lukari du 31ème siècle, les pratiques culturelles des Ferengis du 22ème siècle devaient paraître extrêmement barbares.
"Capitaine," dit Mosaa, "Je dois m'interposer. Le protocole indique clairement qu'au moins deux membres de l'équipage doivent être présents au cours d'une mission sur le terrain. Et pas le capitaine, de préférence."
"Comment vous débrouillez-vous en ancien ferengi, Mosaa ?"
Ses mains se crispèrent légèrement sur la console, et son air habituellement imperturbable se brisa alors qu'il était confronté à sa propre incompétence. "Encore pire qu'en ferengi moderne."
"Bien que je ne puisse dénigrer l'utilité d'un télépathe sur cette mission, je crains qu'un Lethean, ou n'importe quelle autre espèce, ne puisse éveiller les soupçons. Et oui, cela inclut les Lukaris, Dareun, avant que vous ne vous emballiez. Mais vous pouvez toujours me surveiller d'ici."
Mosaa hocha la tête. Istra savait qu'il était contrarié, mais bien trop rusé pour l'admettre. "La passerelle est à vous."
* * *
Istra leva les yeux et observa la lune alors qu'elle grossissait sur l'écran principal. Elle était déjà lasse d'avoir à travailler sur son dialecte.
"Journal de bord du capitaine, addendum. Le pire, quand on est un agent temporel, c'est que lorsqu'on fait son travail correctement, l'histoire ne s'en souvient pas. Ce ne sont que nos erreurs qui entrent dans l'histoire. Au moins, les agents-"
Elle fut interrompue par un appel en provenance de la lune. "Déclinez la nature de votre présence," déclara un officier portuaire ferengi grincheux au travers du communicateur.
"Je suis venu commercer," dit Istra.
"Bienvenue à Krava, la Cité Première de Stemeris." annonça l'officier, "La taxe d'atterrissage s'élève à trois lamelles de latinum. Ajoutez-y deux lamelles de plus pour l'inspection du cargo. Et puis il y a les diverses taxes d'importation, d'exportation et de transaction. Nous vous transmettons une liste."
"Je n'aurais pas besoin d'une inspection du cargo, je suis ici pour échanger des informations."
"Encore plus de raisons de procéder à une inspection," sourit l'officier de toutes ses dents pointues, "Nous allons devoir vérifier votre absence de cargo. Nous ne voudrions pas que des matériaux dangereux ou de contrebande ne pénètrent dans notre station."
"Ou de manquer une opportunité de saisir mes biens et d'inventer un autre prétexte imaginaire pour me dépouiller de mon latinum ?"
"Naturellement. Je suis un fervent adepte de la Neuvième Règle d'acquisition, après tout," l'officier sourit à nouveau, encore plus large cette fois, "vous êtes autorisé à atterrir sur la piste quatre."
* * *
Elle marcha au travers des étroites rues de la station, zigzaguant entre les étals et les vitrines, ignorant les cris des harangueurs. Au détour du chemin, elle se retrouva dans l'un des marchés aux esclaves de la cité. Istra se sentit un peu nauséeuse ; son peuple était toujours cupide, en règle générale, mais neuf cents ans de contact avec la Fédération avaient fini par ramollir leur instinct de possession pour n'en faire qu'un rituel d'acquisition social et culturel. Au moins, l'esclavage avait été aboli, et les femmes étaient sur un pied d'égalité avec les hommes.
Mais alors qu'elle plongeait ses yeux dans ceux des femelles ferengi nues, vides afin de cacher toute trace d'intelligence qui leur vaudrait une sanction immédiate, elle sentit une bouffé de honte lui rougir les lobes.
Elle capta un éclair rouge à l'angle de la place. Alors qu'elle le suivait, elle dégaina discrètement son tricordeur. Les relevés étaient brouillés, certainement à cause d'une sorte de camouflage, mais clairement compréhensibles : il s'agissait d'un Na'kuhl. Elle avait trouvé sa cible.
Puis elle perdit le signal au milieu des rues étroites et sinueuses, remplies à craquer de marchands bruyants et de clients affairés.
Lorsqu'elle capta à nouveau le signal, il semblait s'être arrêté dans une allée sombre à l'arrière du marché, à peine plus qu'une série d'étals oubliés peuplés par un Ferengi particulièrement apathique.
Et elle était là, l'assassin Na'kuhl, en train de parler à un couple de Ferengis.
"Nous ne pouvons pas payer une telle somme pour cette information," grinça l'un des Ferengis, "comment pouvons-nous être sûrs qu'elle est fiable ?"
La Na'kuhl soupira, clairement agacée et pressée de se débarrasser de cette transaction.
"Très bien. La moitié maintenant, et l'autre moitié une fois que c'est terminé."
"Un quart maintenant, pas une lamelle de plus."
"C'est d'accord."
Elle leur tendit une sorte de puce.
"Au diable pour l'approche subtile," pensa Istra.
Elle dégaina son phaseur, mais l'un des Ferengis l'aperçut et couina un cri d'alarme alors qu'elle levait son arme et tirait sur la Na'kuhl.
Alertée par le cri, cette dernière esquiva, mue par des réflexes surhumains, et le rayon la manqua d'un cheveu. Mais elle lâcha la puce, qui tomba aux pieds de l'un des Ferengis.
"Sortons d'ici," cria le Ferengi paniqué, "Il veut nous voler notre latinum !"
Le Ferengi le plus proche ramassa la puce pendant que son associé activait une sorte de dispositif, et les deux Ferengis se dématérialisèrent.
Istra se rapprocha de la Na'kuhl, son phaseur pointé sur son torse.
"Tu es arrivé trop tard," minauda cette dernière, "Les autorités ferengis sont déjà en route, et elles n'aiment pas vraiment les voleurs."
Un rayon de lumière émergea des ténèbres, étourdissant Istra. Son pistolet tomba de ses mains engourdies. La Na'kuhl s'éclipsa avec un ricanement amer.
* * *
Istra se réveilla à l'infirmerie. Tralix, le docteur talaxien du vaisseau, se pencha sur elle avec un hypospray à la main. Mosaa se tenait non loin d'elle. La plupart des gens étaient incapables de lire les expressions des Letheans, mais Istra connaissait Mosaa depuis longtemps, et elle pouvait dire qu'il était inquiet.
"Que s'est-il passé ?" demanda-t-elle.
"Vous avez été attaquée par un assaillant inconnu, et avez sombré dans l'inconscience," dit Mosaa, "nous vous avons téléportée à l'infirmerie. Dareun est en train de récupérer la navette."
"Statut temporel ?" s'enquit Istra en s'asseyant sur le bord du lit.
"Mauvaises nouvelles," répondit Mosaa alors qu'elles se dirigeaient vers le turbolift, "les rapports protohistoriques concluent que, lorsque cet événement se produira, les Ferengis dépouilleront l'
Enterprise NX-01 de tous ses biens de valeurs, incluant les femmes de l'équipage. Cela retarde drastiquement le développement de Starfleet et affecte les actions d'Archer sur la Guerre froide temporelle... avec des résultats désastreux."
"Passerelle," déclama Istra en posant le pied dans l'ascenseur. "Bon, Mosaa... Quelles sont nos options ?"
"L'équipage de l'
Enterprise est plutôt débrouillard. Peut-être que si nous leur offrons une forme d'aide, ils pourraient repousser les envahisseurs ferengis, dit-il. De plus, notre vaisseau est bien plus rapide que le leur... mais nous ne savons pas vers où ils comptent se diriger."
Istra se rendit soudain compte qu'ils avaient pénétrés sur la passerelle. "Une fois que Dareun sera de retour, dirigez-vous vers le dernier emplacement connu de l'
Enterprise."
"Capitaine, dit Mosaa, nous arriverons trop tard."
"J'ai une idée," dit Istra, "une fois que nous en saurons plus sur le plan des Ferengis, nous remonterons le temps afin de le déjouer."
"Mais, la psychose temporelle ?" demanda Mosaa.
"C'est un risque que nous allons devoir prendre, j'en ai peur."
"Il y a une autre complication, capitaine," dit Mosaa, "Le premier contact
officiel de Starfleet avec les Ferengis n'a pas lieu avant le 24ème siècle."
Istra soupira, "Génial. Donc non seulement je dois trouver un moyen de déjouer les plans des Ferengis, mais en plus je dois m'assurer que l'équipage de l'
Enterprise n'identifie jamais l'espèce de ses assaillants ?"
"J'imagine que c'est pour ça qu'on vous paie en lingots de latinum sonnants et trébuchants."
Istra ignora sa blague. "Nous avons vu pire. Ce qui m'inquiète, c'est de ne pas savoir qui m'a tiré dessus sur la surface ?"
* * *
Istra ressentit une soudaine vague de vertige, puis une impression de déjà-vu. Dareun, son ami et pilote lukari, se tourna vers elle avec un regard inquiet et demanda, "Est-ce que tout va bien, Istra ?"
"Oui, j'ai juste eu la tête qui tourne pendant un instant," dit Istra. "Mais ça va mieux maintenant."
"Très bien. L'amiral nous attend."
Ils continuèrent le long des couloirs de New Khitomer, et pénétrèrent dans le bureau de l'amiral Darrar.
Les cheveux de la femme orion étaient savamment dressés en un chignon au sommet de sa tête. Elle avait l'air fatiguée, mais lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce, l'amiral Darrar leva les yeux de ses papiers et se redressa légèrement.
"S'il vous plait, asseyez-vous."
"Commandant Istra au rapport, amiral, dit-elle ; j'ai hâte de commencer notre première mission."
Les yeux de la femme semblèrent songeurs pendant un bref instant. "En fait, capitaine, il s'agit de votre 43ème mission."
"Je vous demande pardon ?" dit Istra.
"Oui, nous vous avons déjà envoyée sur 42 autres affectations avant aujourd'hui."
"Mais, je... je ne me souviens d'aucune d'entre elles !"
"Il y a eu un incident au cours de votre dernière mission," déclara Darrar. "Nous avons dû vous extraire du courant temporel avant qu'il ne se produise."
"Un incident ?"
"Oui, apparemment, quelque chose a perturbé le cours de votre mission, et déclenché une psychose temporelle."
"Psychose temporelle ?" demanda Istra, "Mais alors, pourquoi m'employez-vous à nouveau en tant qu'agent ?"
"Nous vous avons administré un composé qui devrait empêcher certains des effets de se développer. Cependant, vous allez devoir compléter votre mission le plus rapidement possible."
"Je vois. Et quelle sera ma mission ?"
L'amiral, habituellement imperturbable, sembla embarrassée par la question. "Votre mission, capitaine, est de vous rendre et vous faire enfermer."
Istra regarda fixement l'amiral, rendue muette par l'incrédulité.
"Je pense que vous serez d'accord pour dire que vous êtes le candidat idéal pour cette tâche."
Jaddua Ross
Concepteur de contenu
Star Trek Online
Source :
Army of Me