Le démon de WhitechapelL'enseigne Jacob Black avait passé la majeure partie de sa vie sur des vaisseaux et dans des stations spatiales. Il avait toujours apprécié les excursions en holodeck, qu'il s'agisse de camping au parc de Yosemite sur Terre ou de randonnée dans les montagnes de Bajor. Son père avait également emmené toute sa famille dans des programmes censés recréer les forêts des contrées natales de ses ancêtres, l'Écosse.
Mais personne ne l'avait préparé pour la réalité de Londres en l'an 1888. Et surtout, personne n'aurait pu le préparer pour l'
odeur. Sur Terre, la Tamise était sujette aux marées de la lune ; et lorsque le niveau de la rivière baissait, toutes sortes de matières nauséabondes voyaient le jour. Les rues étaient sales dans le quartier de Whitechapel, mais l'allée dans laquelle il s'était engagé était même pire que le reste. Il se trouvait non loin d'un pub, et les pavés sous ses pieds semblaient avoir absorbé les effluves de bile, d'excréments et de bière qui venaient les tapisser nuit après nuit.
Ce genre d'odeur n'existait pas sur un vaisseau.
Jacob enfonça son nez dans l'écharpe en laine piquante qu'il portait et tenta de se concentrer sur le travail qui l'attendait avant que l'on perçoit son malaise.
"Lieutenant Black, au rapport."
Black grimaça. Évidemment, Walker avait remarqué son inattention. D'une façon ou d'une autre.
"Rien jusqu'à présent, capitaine. Notre contact local a fait un excellent travail avec ses enquêtes, mais aucun signe de notre Na'kuhl."
"Gardez l'œil ouvert. Nous savons que la dernière attaque aura lieu ce soir."
Black grimaça et prétexta de prendre une gorgée de la pinte qu'il venait d'acheter au pub d'à côté. "Je sais que nous ne pouvons interférer, monsieur, mais," commença-t-il.
"Je sais," soupira Walker à travers le communicateur. "Je suis celui qui a mis les photos des victimes dans le rapport de mission sur l'entité de l'Éventreur, vous vous rappelez ? J'ai vu ce que cette chose est capable de faire. C'est un morceau de l'histoire que je rêverais d'effacer si je le pouvais. Essayez de vous concentrer sur la raison de notre présence ici. Ça aide."
Black hocha silencieusement la tête, dirigeant ses pensées vers cette même raison. Les rapports mentionnant un "démon aux yeux rouges" avaient été écartés par les autorités de cette époque. Ainsi, il restait bien peu d'informations exploitables dans les journaux qui avaient survécu quelques centaines d'années plus tard. Mais il y avait des preuves : des photos, dans ce cas précis, montrant une Na'kuhl se faufilant à l'arrière-plan d'une foule de curieux, témoin extraterrestre de ces évènements funestes. Walker souhaitait s'assurer que le Na'kuhl n'était pas en train de diriger les actions de l'Éventreur, et c’est ainsi que Jacob Black se retrouva condamné à parcourir les rues de Whitechapel à la recherche de ce visiteur importun du futur.
Le brouillard roula dans la ruelle en direction de la rivière. "J'imagine que c'est... l'ampleur du massacre de l'entité qui me perturbe, monsieur. Il ne s'est pas simplement arrêté avec les femmes de Londres," dit Jacob, toujours en quête de mouvements suspects alors que le brouillard emplissait l'allée. "Argelius II, Deneb II et Rigel IV... toutes des planètes où cette créature s'est rendue. Après la Terre, il a passé des centaines d'années à parcourir et massacrer la galaxie."
La brise charia l'odeur fétide de la rivière et fit frémir les nappes de brume. La visibilité baissa rapidement, et Jacob maudit le besoin de se fondre dans la masse - aucune technologie futuriste ou autre artifice permettant d'améliorer la vision ne devaient être vus par les locaux.
Ce genre de brouillard n'existait pas sur une station spatiale.
Mais quelle que soit l'aversion que Jacob portait pour son environnement immédiat, il lui restait du pain sur la planche. L'histoire prétendait que l'entité avait opéré de façon indépendante au moment de sa chute, et il était de son devoir de veiller à ce que la ligne temporelle reste intouchée. Si les Na'kuhls avaient une quelconque influence sur l'Éventreur, elle devrait être brisée avant la fin de la nuit afin d'empêcher les deux créatures de se faufiler dans l'histoire et d'y faire encore plus de dégâts.
"Qu'est-ce-que je ne donnerais pas pour un bon vieux tricorder," marmonna-t-il.
Walker ricana. "On est coincés avec nos bons vieux globes oculaires Mk. 1."
"Ce brouillard est vraiment aussi épais que les légendaires le racontent..." Il s'interrompit alors que le raclement d'une pierre sur les pavés résonna à proximité.
"Lieutenant ?"
"Restez en ligne," chuchota-t-il nerveusement. Il coupa son communicateur et s'éloigna de la faible lumière de la rue pour s'avancer encore un peu plus dans l'allée. Est-ce que les bruits de pas venaient de cette direction ? La brume était si dense qu'elle atténuait même les bruits. Rien ne pouvait résonner de cette façon dans une zone au climat contrôlé. Rien ne semblait "normal" pour lui à ce moment-là.
Londres, dont l'atmosphère pesante n'aurait jamais pu être capturée par un holodeck. Disparu, le bourdonnement omniprésent du réacteur de distorsion, le doux murmure de l'oxygène filtrant au travers des conduits d'aération, ou les faibles carillons des systèmes électroniques. À la place, l'air de la nuit résonnait des miaulements de chats, des rumeurs des maisons closes et du rythme des sabots sur les pavés. Un concert de rires rugueux s'échappa du pub alors que les portes s'ouvraient et se refermaient derrière un client aviné.
Jacob s'arrêta et retint son souffle. Était-ce vraiment un caillou qu'il avait entendu ? Il se pencha pour mieux écouter. Un bruit de pas ? Un chien errant ? L'allée était sombre et il savait qu'un chasseur rôdait au cœur de la nuit. De plus, il n'était pas si loin de l'endroit où Mary Jane Kelly était destinée à mourir... si elle n'avait pas déjà perdu la vie.
L'Éventreur allait la tuer, de façon brutale. Sa mort avait été gravée dans l'histoire et, peu importe à quel point Jacob trouvait ça triste ou frustrant, il n'y avait rien qu'il puisse faire pour modifier son destin. L'histoire conservait bien peu d'informations au sujet des actions de l'Éventreur entre cette attaque et le moment où il avait investi le corps de l'administrateur de la cité sur Argelius II en 2267, mais c'était déjà plus ce que l'équipage de l'
Enterprise savait lorsqu'il l'avait détruit.
"Lieutenant. Au rapport, s'il vous plait."
"Je pensais avoir entendu quelque chose."
"Restez aux aguets. Il y a au moins un dangereux meurtrier dans la zone, et il pourrait bien avoir un agent Na'kuhl surentrainé comme compagnon."
Jacob hocha la tête, bien qu'il sache que le capitaine ne pouvait le voir. "Bien reçu." Il continua sa progression silencieuse, prenant garde à placer ses pieds de façon à éviter les pavés branlants. Si quelqu'un l'avait vu dans cette position, il aurait eu l'air suspect, mais le brouillard camouflait le moindre de ses mouvements.
Et pas seulement les siens. Cette pensée lugubre le fit frissonner.
L'allée se terminait en une arrière-cour. L'unique lumière qui nimbait le cul-de-sac filtrait entre les volets et rideaux des maisons alentours, étouffée par la brume. C'était un endroit plongé dans une extrême pauvreté, à en juger par l'état des logements et les détritus qui jonchaient le sol. La botte de Jacob heurta un morceau de bois, l'envoyant valdinguer sur les pavés, et le son résonna avec une clarté surprenante dans l'obscurité. L'écho se réverbéra pendant longtemps sur les murs de la cour.
Jacob s'immobilisa et tenta d'ignorer le bruit de son cœur qui battait la chamade. Il tendit à nouveau l'oreille vers les ténèbres emplies de brouillard, mais il ne perçut que le silence, ou du moins quelque chose s'en approchant. Avec un soupir de soulagement, il traversa la cour et s'engouffra dans une autre allée.
Celle-ci était partiellement couverte, protégée de la pluie par les maisons dont l'expansion verticale avait fini par déborder sur la rue. Bien que le sol de la ruelle soit suffisamment sec, Jacob n'y trouva aucune silhouette recroquevillée essayant de trouver le sommeil au plus froid de la nuit. Ce n'était pas si surprenant, étant donné que "Jack l'Éventreur" rôdait dans les rues de Whitechapel, et quiconque en était capable avait déjà quitté le quartier - même si cela les condamnait à se faire arrêter pour vagabondage. La créature, d'après son rapport, se nourrit de la peur qu'elle inflige, en plus des autres émotions négatives générées par les morts atroces qu'elle réserve à ses victimes. Black n'avait pas besoin d'un quelconque talent d'empathe pour ressentir la terreur qui émanait des rues de Whitechapel cette nuit-là ; elle planait sur la ville, aussi épaisse qu'une nappe de brouillard.
À nouveau, Jacob crut entendre des bruits de pas dans la nuit. Il se plaça à proximité d'un monceau d'ordures à la taille suspecte lorsqu'un bruissement attira son attention. Quelque chose bougeait. Avec des pas prudents, il s'approcha des ombres en silence, son arme au clair. Il s'arrêta, puis esquissa encore quelques pas. Quoi que ça puisse être, c'était grand.
"Il se nourrit de la terreur", se rappela-t-il en se rapprochant. "N'aie pas peur." Jacob se mouvait dans la nuit avec un cœur battant et sa propre volonté pour seule compagnie. Le bruissement s'arrêta. Jacob déglutit. L'instant silencieux s'étira pendant ce qui lui sembla une éternité, puis se brisa.
Avec un miaulement indigné, un chat bondit de la pile d'ordures et décampa. Jacob laissa échapper un cri de surprise et fit un bond sur le côté pour laisser passer le félin terrorisé. Stupide chat. Il laissa échapper un bref soupir et rengaina son arme.
"Lieutenant ? Que se passe-t-il ?"
"C'était juste un chat, capitaine," répondit Jacob.
Il se retourna pour mieux voir le poing qui lui arrivait droit dans la figure. Se ressaisissant rapidement grâce à son entraînement de sécurité, il se jeta hors du chemin, évitant le coup par réflexe. Les yeux de l'homme étaient écarquillés et brillaient comme deux phares dans la nuit. Sur son visage s'étalait un rictus extatique. Il enchaîna avec une frappe verticale du long couteau qu'il tenait en main. Jacob dévia le second coup. Son manteau était d'un style approprié pour l'époque, mais en apparence seulement. Sa doublure était faire d'un matériau capable d'arrêter la plupart des armes de cette ère, particulièrement telles que le couteau de prédilection de l'entité de l'Éventreur.
Jacob recula pour mettre un peu de distance entre lui et son attaquant. Des bruits de pas sur sa gauche attirèrent son attention. Dans les ténèbres, les yeux rouges d'un Na'kuhl le jaugeait avec un éclat plein de malice.
"Et moi qui pensait pouvoir procéder sans incident, après que les cinq premières tentatives se soient si bien déroulés." Son sourire était malsain. "Attaque", ordonna-t-elle en direction de l'homme possédé près de Jacob.
Le couteau trancha l'air et siffla en direction de Jacob. Tournant sur lui-même, ce dernier tenta de dégainer à nouveau son arme. Il se prit les mains dans le manteau et se retrouva obligé de s'éloigner de la menace d'un pas dansant. Jacob ramassa un bout de bois dans la pile de détritus en pensant que n'importe quelle arme était mieux que pas d'arme du tout.
"J'ai trouvé le Na'kuhl, monsieur," dit Jacob dans un souffle à son supérieur au travers de son communicateur. "Ainsi que le dernier hôte de l'entité !"
"L'équipe se dirige vers votre position !"
"Ça serait bien s'ils pouvaient se dépêcher !" ajouta-t-il, essayant d'utiliser son gourdin improvisé pour repousser un autre coup d'estoc. Le bois se fissura sous le coup de la lame. Derrière son ennemi possédé, le Na'kuhl avançait lentement dans sa direction d'un pas mesuré. Elle transportait un appareil de données dans une main et semblait grandement amusée par la situation.
Jacob tourna les talons et prit la fuite, en espérant que son équipe puisse voir vers où il est parti. Le pas lourd de l'Éventreur le talonnait. Il sauta par-dessus d'autres monceaux d'ordure et traversa une cour avant d'entrer à nouveau dans la ruelle embrumée. La porte du pub s'ouvrit, et Jacob fronça les sourcils. Trop de passants, et l'Éventreur était toujours à sa poursuite. En traversant vers l'autre côté, Jacob s'engouffra dans la première ruelle sombre qu'il aperçut.
Et tomba sur une impasse.
Il se retourna, et Jacob se retrouva nez-à-nez avec l'Éventreur. Il brisa le morceau de bois sur la tête de l'homme dès qu'il s'approcha, l'étourdissant pendant quelques instants. Il tira parti de ce répit pour reculer, dégaina son arme et tira. Dans les yeux de l'Éventreur régnait une folie furieuse, et il fallut un second tir pour l'abattre.
Respirant lourdement, Jacob s'approcha précautionneusement et vérifia le pouls de l'homme.
"Intéressant."
Jacob leva les yeux pour voir le Na'kuhl l'observer depuis le bout de l'allée.
"Je m'attendais à ce que celui-là dure plus longtemps. Tant pis. Ordre enclenché : Changer d'hôte."
Jacob n'eut qu'une demi-seconde pour comprendre ce que ces mots signifiaient lorsqu'une main agrippa son bras avec une étreinte de fer et l'attira vers le bas. Il fixa les yeux fous de l'homme qui l'avait pourchassé et ressentit un soudain besoin insatiable fouailler son âme. Il devait se redresser, attaquer cet être inférieur qui semblait penser qu'il avait le contrôle. Il devait déchirer sa chair, comme il l'avait fait avec les autres pathétiques victimes de cette planète. Il était un prédateur des ombres, et cet être inférieur l'avait forcé à marcher dans la lumière au milieu des proies. C'était un affront.
"Bien", marmonna-t-elle avec un sourire en coin. "Maintenant ramasse la lame, et débarrasse-toi de l'ancien hôte."
L'Éventreur fit ce qu'on lui avait ordonné. Puis il se retourna vers l'être aux yeux rouges qui se faisait appeler Na'kuhl, couteau en main, et s'approcha.
"Je me demande quels méfaits tu pourrais accomplir à l'intérieur du corps de cet agent temporel," ronronna-t-elle. "Je vois une certaine justice dans tout ceci. Mais pour l'instant, retournons au vaisseau. C'était une tentative très réussie, et j'ai encore une liste de cibles longue comme le bras pour toi."
Ses yeux rouges s'écarquillèrent d'une façon presque comique lorsque le couteau lui transperça les entrailles. Du sang jaune s'écoula sur le pavé, tel de lourdes gouttes de pluie.
"Im-impossible !"
Oh, que sa peur était délicieuse. Elle s'échappait de son corps en vagues impitoyables, et l'Éventreur sentit sa force lui revenir. Elle se révéla dans toute sa grandeur, car cette peur était bien plus délectable que toutes celles qui l'avaient précédée. Car il s'agissait de la peur d'un prédateur devenue proie.
L'Éventreur modifia l'expression de son hôte pour afficher un rictus macabre, alors qu'il retirait le couteau de la chair de son ancienne maîtresse pour lui trancher la gorge. Il but sa terreur jusqu'à la dernière goutte alors que le corps sans vie s'écroulait sur le sol.
Rassasiée, pour le moment, et bien plus forte qu'avant, l'entité réalisa que cet hôte avait la capacité d'échapper à cette planète. Elle n'avait qu'à se cacher et -
des bruits de pas !
Elle se retourna et vit qu'une arme était braquée vers son hôte. Le rayon toucha l'hôte en plein torse, et il s'écroula. L'entité se terra dans les profondeurs de son esprit en attendant sa prochaine opportunité.
***
"Je ne me souviens de rien," déclara le lieutenant Black à l'infirmière. Il avait l'air à l'agonie, mais essayait avec bravoure de garder sa contenance. "J’étais en train de me battre et une minute plus tard, je me suis réveillé ici."
Walker soupira alors qu'il regardait le jeune homme lutter pour se rappeler quoi que ce soit qu'aurait pu lui dire l'agent Na'kuhl avant que l'entité de l'Éventreur ne prenne le dessus et la tue.
"Du nouveau ?" demanda Nereda.
"Non", répondit le capitaine Walker avec un soupir.
"Saleté. À quoi pensaient-ils, en essayant de contenir un monstre pareil ?";
"Si je devais émettre une supposition, je dirais que notre hypothèse selon laquelle l'entité procédait à des assassinats ciblés serait l'option la plus probable. Qu'en est-il du lieutenant ?"
Nereda secoua la tête, une expression sinistre sur le visage. "Son sort est aussi scellé que celui des autres victimes de l'entité. Nous ne pouvons pas la détruire maintenant, et nous ne pouvons pas l'en séparer. Bien que cela me fasse de la peine de l'avouer, nos options sont limitées, et aucune d’elles n’est satisfaisante."
"Diantre. Je pensais qu'avec tellement d'événements sans aucune documentation, nous aurions pu avoir une chance." Walker soupira. C'était l'un des pires aspects de son travail. L'entité devait retourner dans la ligne temporelle avec son hôte. L'Histoire n'en avait pas encore terminé avec l'Éventreur.
"Il y a un certain réconfort à savoir que cette créature sera atomisée tôt ou tard. Mais même si je rêverais de m'en charger dès maintenant, les rapports explicitent bien que je ne suis pas celle qui aura l'honneur de le faire," grogna Nereda.
"J'aurais juste préféré que cela ne signe pas la mort de l'un de mes agents," dit Walker. "J'imagine que nous savons désormais comment l'entité est parvenue à s'échapper de la Terre en 1888."
Le lieutenant Black allait être abandonné quelque part, dans une autre époque, afin de correspondre aux données dont ils disposaient au sujet des mouvements de l'entité au travers de la galaxie. Jacob allait être baladé au grès du temps et de l'espace afin de s'assurer que les événements se déroulent comme ils étaient censés le faire.
"Est-ce qu'il sait ce qu'il l'attend ?" demanda Nereda.
Walker jeta un regard de l'autre côté de l'infirmerie où le lieutenant répondait patiemment à toutes les questions derrière un champ de quarantaine. Leurs regards se rencontrèrent et le lieutenant Jacob Black fit un faible signe de la tête vers le capitaine avant de fixer à nouveau l'infirmière.
"Il sait," dit Walker. "Et nous nous souviendrons de son sacrifice."
Kate Bankson
Conceptrice de contenu
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Source :
Le démon de Whitechapel